Le Symbole

Pour que la connaissance naisse dans le connaissant, les mots ne sont pas suffisants, les signes sont bien plus puissants.

Les mots sont utiles pour véhiculer du sens, ce sont des sons qui renseignent, qui indiquent un sens. Mais s’ils sont efficaces, ce ne sont pas les plus précis. Les contre-sens, les erreurs d’interprétations, de compréhension sont tout à fait possibles. Ainsi on a pu dire que les mots pointent vers la réalité, mais ne sont pas la Réalité.

En effet, pour un grand nombre de personne, « formidable » signifie presque « sensationnel, admirable ou extraordinairement bien ». Rien n’est moins vrai… C’est une déformation du sens premier emprunté au latin formidabilis « redoutable, terrible ». Cela signifie d’après le dictionnaire : « Qui est à craindre ou qui inspire une grande crainte, qui est dangereux de nature ou terrifiant d’aspect. »

Pour contourner cette limitation, les Hommes ont à travers les âges utilisé les symboles. La force du symbole est de faire passer une information ‘inconsciente’ parlant à la conscience, sans être déformée. Le Symbole, ce n’est pas à la raison de l’analyser et le comprendre. Les allégories et mythologies sont en langage symbolique, les livres religieux regorgent d’exemples qui ne sont pas à prendre au sens littéral, mais cela reste l’erreur la plus communément commise. Toutefois, « la carte n’est pas le territoire » et même une image précise ne rendra pas totalement compte de la réalité du terrain, qu’il faut ressentir, éprouver, expérimenter.

Explication du « symbole » et son univers lexical

Le dictionnaire précise : Du grec ancien σύμβολον, sýmbolon, issu de συμβάλλω, sum (ensemble, avec) –bállô (jeter, lancer). C’est littéralement : « Jeter l’un contre l’autre », mettre ensemble, réunir, rapprocher, se rencontrer. Puis par abstraction : « Conjecturer, Interpréter, Supputer, évaluer, aboutir à ».

Le symbole est :
– Figure ou image qui sert à désigner une chose le plus souvent abstraite, une idée ou un concept.
– Objet, fait ou élément évoquant dans un groupe humain donné -par correspondance analogique, formelle, naturelle ou culturelle- quelque chose d’absent ou d’impossible à percevoir.
– Signe, objet matériel ou formule, servant de marque de reconnaissance entre initiés.

C’est d’abord un « signe de reconnaissance », qui sert donc « à reconnaître ».

De ce verbe bállô, on obtient βολή, bolê : action de lancer, laisser tomber, jeter (cf. «  discobole » de la Grèce antique), avec aussi le sens de « coup d’œil » (« jeter un regard »), ou « coup de tonnerre » (éclair lancé par Zeus).

Le bólos, bolís ou bélos sont: le jet, la lance, la pointe. C’est à la fois « tirer » et « projeter » (cf. « bolide »). Le verbe βολεύω Bolevo, signifie « arranger, adapter, ou prendre sur soi ». Autour de ce mot se construisent ἐμβάλλω, embállô « jeter dans, emballer » ; ἐμβολή embolê : se jeter dans ou sur, choc, attaque «  embolie » ; Hyperbole : « lancer au-delà » ; Parabole, « jeter contre, comparer » ; Métabole : «  changement , transformation, échange » (cf. métabolisme).

Et aussi διάβολος diabolos «  Jeter entre, insérer. Jeter à travers. Jeter de côté et d’autre. Séparer, désunir ». Le « Diable » qui inspire la haine, sème la division, la discorde …

Ainsi le bólos ou bole et « ce qui est lancé, en mouvement », le diabolos est ce qui vise à séparer ce mouvement en deux trajectoires (dia-, dis-). Le Symbole est « ce qui réunit », ce qui rassemble pour faire sens complet.

Symboliser le Monde

Comment faire un symbole pour tout comprendre d’un coup d’œil ? que tout fasse sens, sans trop d’explications sujettes à interprétation et complication. Il faut certes quelques mots, toutefois « une image vaut mille mots »…

Nous comprenons et expérimentons dans notre réalité que chacun est séparé, nous sommes divisés, chacun dans notre propre dimension de perception, de ressenti, d’expérience vécue, plus ou moins avec -ou  à travers- celle des autres. Disons plutôt que, tant que nous sommes des « personnes », cherchant a affirmer un « égo personnel », alors nous vivons « dans l’illusion de la division » avec des alter égo, avec lesquelles nous sommes parfois en compétition pour nous affirmer.

En vérité, nous entretenons cette impression, mais nous ne sommes pas séparés. Très précisément puisque nous sommes des individus, donc dans l’indivis. Cela se définit en arabe et dans le Coran par les termes Ahad ; Al Wahid. « Un, Unique ; Le Seul ».

En réalité, une personnalité, « une personne n’est rien », c’est un masque dans la société (cf. personae). « L’individu est tout », c’est sa vrai identité. Il est « identique, idem » à l’Entité (id-entité). Quelle est cette Entité ? Son nom sous-entend une existence spirituelle, un Esprit. Celui du Tout, la Conscience Universelle : on est tous fait (le fait ou l’effet) de « la même essence », la même « substance ».

Mais pour définitivement se détacher de cette notion ‘matérielle et physique’, nommons cela ‘énergie, volonté, pouvoir, puissance, ou potentiel’. Tout cela est regroupé sous le terme Al Qawi « Le Puissant, La Force ». Cette force est infinie et informelle, c’est-à-dire que, sans fin, elle in-forme : c’est elle qui « donne forme à la forme ». Cet « Esprit Universel » (Lui, le Soi) est le Rūh, qui donne vie au Nafs, « esprit individuel » ou ego (moi, je). Aussi, « ne pensez pas que vous avez une âme », c’est plutôt « Une Âme qui vous pense » !

Dans la tradition soufie, le Monde peut être symbolisé par cette lettre ci dessous « Hā », prononcée « Hu » lorsqu’elle désigne Huwa « Lui », et dont la forme représente un tout, une complétude (ou une goutte d’eau, source de vie) :

« Hu » mis en images

  1. Dans cette dimension apparente -« notre réalité » des perceptions- il y a : « je suis », « tu es » , « il/elle est » , « nous sommes ». Ce terme donne une indication intéressante, car « somme = total ».
  • 2. L’ouverture d’esprit, ou la « prise de conscience » permet une connexion avec l’Un, l’Unicité, l’Unitif. C’est se brancher sur une perception alternative, inapparente jusque-là (i.e : tout le blanc de l’image). Nous faisons partie (ou prenons part) d’un tout, nous sommes tous re-liés… mais « à quoi », par quoi, et pour quoi ?
  • 3. En réalité, nous sommes liés à l’ « Un Seul », Une Seule Existence, Une autre dimension au-delà des sens. Nous partageons cette Conscience Unique, mais elle est filtrée par la perception d’une conscience propre (l’égo, qui n’est qu’un voile d’illusion). Appelons cela, l’Univers (et nous sommes tous ‘unis vers’ Cela), ou Dimension Infinie Extraordinaire Universelle, « D.I.E.U ».

Nb. Huwa signifie « Lui », Al Ahad est « le Un Unique », Al Hayy est « Le Vivant ». Ce sont Ses noms alternatifs sacrés servant à Le désigner pour mieux appréhender Sa Réalité.

  • 4. Cette dimension unique et totale est hors de la forme, qu’elle crée, qu’elle forme et qu’elle contient. C’est un domaine informel, qui content d’autres dimensions (métaphysiques) où le physique est plus subtil, comme le domaine ‘astral’, le domaine ‘spirituel’ (des esprits).

Nb. Ad Dunia est un terme arabe signifiant « vie ici-bas » et Al Akhira signifie « l’autre vie », ou « l’au-delà ».

  • 5. Fondamentalement, chacune de nos dimensions personnelles est informée -et prend forme- depuis cette Conscience Universelle, une Énergie, une « Volonté qui veut », un « Pouvoir qui peut », qui « l’a pensé » (ou formulé dans Sa Conscience) et « cela est ». C’est Le Tout-Puissant qui réalise cela afin d’être Existant, de sortir du néant du non-existant. Comment pourrait-Il être, autrement ?
  • 6. Cela n’a pas de limite, c’est en perpétuelle création, expansion. L’Infini, de toutes les possibilités. Tout l’imaginable a ainsi le potentiel d’être créé. C’est le domaine où « Oui ! tout peut être » (y compris la négation, la destruction, le mal). Tout est réalisable. On peut même penser en dernier ressort, que « l’Infini se finit lorsque la Perfection est atteinte », car alors, il n’y a plus rien de ‘mieux’ à trouver, tout peut s’arrêter… ou recommencer ! Car ‘Le Parfait’ est en effet le point de départ (et d’arrivée) qui cherche à se ‘dé-finir’ en se révélant.

Ne voyez ici qu’une modélisation, une tentative explicative de la part d’un simple esprit.

Comments

Une réponse à “Le Symbole”

  1. […] réalisons au plus profond de nous-même que tout est Un. Il n’y a pas de réelle séparation entre vous et moi, entre la pierre et l’arbre, […]

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