La Paix, qu’est-ce que c’est ?
En fait, vous n’êtes jamais vraiment en paix. Le point Un est cette sensation et ce sentiment de paix infinie qui s’offre un instant. Une paix physique et psychologique, une paix qui ne s’analyse ni ne se comprend, au risque d’avoir le mental non apaisé. Mais plutôt une paix qui se ressent, une émotion interne, intense et totale.
Au point Un, vous êtes parvenu à l’ « apaisement d’une paisible paix ». Quelle est donc cette paix absolue ? C’est la promesse de paradis que Dieu fait à l’Homme, une totale abstraction du mal, c’est le Salam de l’Islam. Un état de conscience qui cesse de rechercher le bien et d’éviter le mal, c’est à ce moment qu’il comprend, qu’il était divisé, et qu’il n’y a qu’une possibilité, une vérité, une réalité ultime. Et la goutte d’eau qu’est l’esprit individuel rejoint l’océan de la Conscience Universelle.
Tout est unifié au point Un, c’est à la fois le point d’entrée dans le vertige de l’infini et le point de sortie de la perception de « réalité » de la vie. C’est le point de départ où il n’y a rien et l’arrivée où il y a tout. C’est l’endroit de la pensée où il n’y a plus nulle part où aller, vous y êtes déjà.
Et si vous en êtes partis, il n’y a plus qu’à recommencer et revenir, retrouver la paix. Il suffirait juste de bien y penser, presque sans le vouloir ou comme par hasard, car une quête entêtante reviendrait à admettre un manque, alors qu’il s’agit de se relier, se remémorer.
Comprenez que ce n’est pas avec plus de volonté, ou plus de droiture morale, plus de désir ou recherche de plaisir satisfaisant, mais au contraire par un lâcher prise, un abandon, une soumission totale, et c’est bien là le véritable sens d’islam ou « muslim » : se soumettre à cette volonté de Paix. Alors il faut pouvoir la trouver, savoir y penser.
L’équilibre, le vrai
La lumière sur cette réalité est en soi, cependant vous êtes –peut-être– encore dans l’ombre du moi. Pour le voir ou le savoir, il suffit d’un pas, changer de perspective, et donc de point de vue (de l’esprit). C’est un ajustement de la pensée subtil et délicat, en équilibre avec le déséquilibre, la sérénité face à l’agitation folle. Comme le plus haut mérite de la rigueur morale et le plus grand plaisir personnel, deux choses en apparence contradictoires.
Mais le point Un résout justement ce paradoxe, c’est l’union des contraires.
Par ailleurs le Coran nous dit [2:216] « Il se peut que vous détestiez une chose alors que c’est un bien pour vous, et il se peut que vous aimiez une chose alors que c’est un mal pour vous. Allah sait et vous, vous ne savez pas ».
Encore une fois, la barrière entre le Bien et le Mal est certes morale, mais surtout mentale, comme les plus grand tabous ou les plus grandes peurs auxquelles on n’ose même pas penser (par crainte peut-être de les matérialiser ?).
Une solution simple et unique apparait : se confronter à soi est le prix à payer pour obtenir la paix, abandonner ses croyances et illusions, pour Lui faire confiance en toute soumission. Mais il ne faut pas se tromper de confrontation : le véritable ennemi est le diable qui fait division et diversion, il faut pouvoir le reconnaitre sous toutes les formes où il peut être.
Le chemin de la paix est comme le passage où division et diversion convergent vers un point de communion : un étroit passage (et trois pas sages), passant du « Non » au « Peut-être » jusqu’au « Oui » final. Il n’y a plus de mal dans la Paix totale.
Repensez, mieux que ça
Vous pensez encore que c’est impossible ? comme vous pensez qu’on ne peut pas voir les yeux fermés… c’est juste que vous ne pensez pas à comment cela peut être possible, créant ainsi une possibilité : en effet, on peut voir les yeux fermés en rêvant la nuit, ou en imaginant les détails d’un moment. Toutes ces images, vous les voyez en vous ?
Il faut donc créer cette pensée de la paix, cette réunion avec le Divin au point Un. Comme une capacité propre en soi, en chacun de nous. Elle commence par cesser d’être divisé entre peur et désir, et d’être diverti par nos illusions et croyances. Au-delà des craintes et des espérances, parvenir à ne plus croire, ne plus rien savoir, pour laisser place à la vraie science : l’expérience, la véritable connaissance.
C’est toute l’intention qu’avait la sainte de l’islam soufi, Rabi’a Al Adawiyya, lorsque avec une torche enflammée dans une main et un seau d’eau dans l’autre, elle proclamait
« Je vais vers le ciel pour mettre le feu au Paradis et éteindre l’enfer, afin que tout deux disparaissent, et que les Hommes observent Dieu sans peur de l’Enfer et sans désir du Paradis ».
Il ne peut pas y avoir de Paix (salam) tant qu’il existe un tiraillement entre une force de bien et une force de mal. L’âme tournée vers Dieu l’Unique, qui n’est associé à aucune autre pensée, aucun autre désir, aucune autre volonté, aucune autre réalité, retrouve la Paix, la Vraie.
Il y a le Un et c’est Tout. Il n’y a encore rien d’autre à penser. A partir de ce rien tout est créé, par ce Tout-en-Un Intelligent, informe, qui pense, qui veut, qui commande. Nous sommes partie du Tout, et nous aussi nous créons par la pensée. C’est un pouvoir « magique » que celui d’imaginer, un pouvoir créateur d’images, de mots et d’émotions. Une capacité trop souvent mal utilisée, ou détournée.
La bonne démarche est de tenter de « comprendre comment on comprend », ou d’avoir une idée sur la façon « d’avoir une idée », c’est-à-dire comprendre le mécanisme de compréhension, le processus de formation d’une idée, d’une image imaginée. C’est penser à « comment » on pense, au lieu du « quoi » ou « pour quoi » on pense.
Puis vient l’instant où la « Conscience éclaire la conscience » en train d’être consciente (d’elle-même), on comprend et on s’éclaire de cette connaissance. C’est aussi le bord de l’abysse, un trou noir sans fin : c’est à ce moment que vous avez une idée de l’infini, une conscience de ce que peut signifier « infini ». C’est un point de vue vertigineux, bien plus loin, bien plus haut que la paysage habituel et confortable du rationnel « bien ou mal ».
C’est le vertige de la remise en question, et l’angoisse du vide (ou du manque) de réponse. En effet, à partir de là, tout ce que vous pensez est une création sous votre entière responsabilité.
La suite : https://le-renseigneur.fr/le-point-un-partie-9/

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