Le plus grand défi pour atteindre le point Un reste cette lutte interne contre l’égo diviseur, qui fait dire « oui, mais » ou « non, parce que sinon… », parce qu’il croit savoir, parce qu’il pense que… Surtout parce qu’il a envie d’exister par et pour lui-même, qu’il se nourrit de cet orgueil d’être, sans savoir même d’où il provient. Tel est le malheur de l’égo, qui tombe dans le piège du raisonnement à la Descartes, « cogito ergo sum », « je pense donc je suis ». Mais qui est vraiment cette entité pensante, ce « je suis », qui a conscience d’elle-même en train de penser ? Et même : d’où provient, et qu’est-ce que ce « je », cet instinct d’exister ?
Voici quelques questions mystérieuses ou mystiques qui permettent de parvenir au point d’unicité, là où tout se résout. La solution est d’admettre que le « Je » ne peut que se soumettre au « Il » à « Lui », que le Moi provient du Soi, c’est sa condition pour exister, celle d’avoir été conçue. Ce « Lui » ou le « Soi », c’est Dieu, le Concepteur, l’origine du concept et de la conception. C’est bien Lui qui génère et donne le souffle individuel. Il existe deux mots savants pour désigner cette réalité : l’aséité, l’être qui existe par lui-même, et l’abaliété, l’être qui est dépendant d’un autre être pour exister.
Par quel moyen combattre et faire taire son égo ? La seule et unique voie est l’humilité, accepter que quelque chose nous dépasse, qu’il nous manque quelque chose pour comprendre, pour maitriser la situation. C’est se soumettre à un rang secondaire, inférieur. Accepter de n’être rien de plus, juste ça, la volonté de « quelqu’Un d’autre », un autre Être Grandiose et Suprême, une Intelligence Supérieure (et pourquoi pas super rieur ?) : autant de définitions de Dieu. La seule et unique façon de remettre son égo à sa place et sortir de l’enfermement mental qu’il crée, est d’accepter cette réalité comme vérité. Mais c’est aussi une libération, un moment de compréhension, d’accession à un plus simple et plus authentique état des choses.
« Je suis rien, personne », mais je suis quand même ! Uniquement par Sa volonté, donc ce n’est pas rien, c’est presque un honneur, si on réfléchit bien, et il convient dès lors de s’en montrer digne ! En réalité ça nous oblige, on devient des obligés (serviteurs), et il faut tâcher de ne plus être désobligeant face à Sa volonté. Par conséquent, l’accès à ce point d’Unicité fait désormais naître une responsabilité nouvelle. Celle de répondre à cette Autorité, qui nous a appelé vers Elle.
Là, l’égo nous attend au tournant, le nôtre comme celui des autres : « impossible, impensable, mensonge, ou diablerie ». Pourtant, c’est peut-être de la vraie magie, ou un miracle. Qui sait ? qui peut donner une définition de ce qui se passe quand on parvient au point Un ? C’est tout l’objet de ce texte, mettre des mots sur un phénomène sans doute rare, mais possible, vécu, en tout cas imaginable et descriptible.
Schéma de la lutte contre l’égo

Le défi est de faire comprendre une expérience, mais la raison et le mental sont limités par l’égo enfermé dans ses croyances limitantes, qui nie ou fait diversion (non, ou oui mais…). Or, le seul moyen de comprendre une expérience, c’est en fait de la vivre, on ne peut pas « faire vivre » par procuration, il manquera un morceau de réalité, l’émotion ressentie du vécu, qui devient vérité expérimentée. C’est le principe même de l’Amour, on peut en parler, mais il faut le gouter, ressentir pour savoir ce que c’est.
Essayez de décrire la joie de donner naissance à un enfant à quelqu’un qui n’en a pas eu : « C’était le plus beau jour de ma vie ! j’ai pleuré ! » mais encore ? Comment l’interlocuteur peut-il « revivre » cet instant en y pensant, en l’imaginant. Voilà atteinte la limite de l’exercice. Il en va de même avec le point Un, des centaines de pages ne suffiraient pas à décrire l’expérience pour la faire revivre, ou partager émotionnellement le phénomène. Comme la mort, sans doute faut-il la vivre pour comprendre de quoi il retourne !
Or, on peut imaginer la mort, considérer la souffrance, la peine, l’horreur même, de mourir noyé, écrasé, brûlé… Essayez un instant, c’est assez désagréable, mais ce n’est sans doute rien face à la réalité de l’expérience ! A l’extrême opposé, la rencontre du point Un, la compréhension de l’Unicité et de l’exclusivité du Divin (Lui comme seule vérité & réalité, et rien d’autre en dehors de Lui), est une expérience similaire à l’extase orgasmique, qui ne peut que se vivre pour être totalement com-prise, c’est-à-dire « prise avec soi, en soi », comprendre comme contenir : réaliser que tout se passe à l’intérieur de soi, plus précisément à l’intérieur du Soi.
Une question se pose alors, êtes-vous prêt à vivre votre mort ? ou un aperçu, comme d’envisager la mort de l’égo individuel : « qui j’étais ? qu’ai-je fais ? quelle histoire, quelle postérité vais-je laisser ? » Êtes-vous prêt à vivre cela ? Ou préférez vous continuer une vie routinière selon vos habitudes. Car il s’agit de partir à l’aventure, en territoire totalement inconnu, un forêt vierge avec ses risques et ses mystères. En effet, seul la mise à mort de l’égo ténébreux permet d’entrevoir la lumière du divin. Il n’y a pas d’autre chemin, éteindre le souffle individuel qui constitue la personne (nafs), le masque que l’on se donne en société (personae), pour trouver en soi le véritable caractère de « qui on est ».
Il s’agit d’une rencontre, d’un face à face avec soi-même, au-delà du moi. Alors vous comprenez que vous n’êtes qu’un pâle reflet, à peine en train de briller, un miroir de la divinité, entaché de tous les péchés, la vanité en premier…Et si « Dieu a créé l’Homme à son image », alors l’image semble imparfaite, écornée, alors que Dieu, Lui est censé être parfait ! Improbable donc que cela soit une vérité… sauf si on continue à creuser. Pourquoi Dieu aurait créé un être conscient, « plus ou moins » à son image ? Et qu’est-ce qui ferait que l’on serait comme lui, quelle(s) caractéristique(s) partagerions nous avec Lui, qui n’a pas de forme visible, pas de corps physique ? Le catalogue des divergences semble être immense, attachons-nous plutôt aux convergences.
Nous avons dit « Dieu est Esprit » (Unique et Universel), et nous avons aussi une conscience. C’est le premier point, il est fondamental. La meilleure façon (et la seule) qu’a Dieu à de se faire connaître, de partager la réalité qu’ « Il existe », est de faire parvenir cette information à notre esprit mental. Il peut le faire à travers le monde des manifestations physiques, par de glorieux miracles extraordinaires, mais les gens trouverons toujours des explications à ces phénomènes paranormaux, en y mettant des mots différents. Donc « avoir cette idée », « se souvenir de Lui », penser cette « théorie primordiale», est le meilleur moyen pour prendre conscience de l’existence de Dieu Réalité.

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