Le Mot comme Matière Première

Un mot peut-il vraiment changer le monde ? 

Oui…

ou « Non ! », ce son qui gronde tel  un coup de tonnerre qui déchire le ciel, comme une goutte de pluie qui creuse lentement la roche. Imperceptiblement.

Quand je dis « Oui », c’est une possibilité, quand j’entends « Non », c’est une porte fermée. Le mot, le nom, n’est pas seulement un assemblage de lettres. C’est une inspiration, un souffle qui traverse les êtres, les histoires, les civilisations. Chaque mot porte en lui une géographie secrète : des territoires d’émotion, des continents de sens, des archipels d’invisible. Et toute une culture de savoirs. C’est un signe qui désigne.

Imaginez le langage comme une immense cathédrale vivante. Chaque lettre: un grain de sable. Chaque mot : une pierre. Chaque phrase : une architecture. Chaque récit : une cathédrale qui se construit, se déconstruit, se reconstruit sans cesse. Nous sommes les architectes de cette cathédrale, qui se raconte.

Avec le mot « changer », que se passe-t-il exactement ? Un frémissement naît. Une vibration. Un possible s’entrouvre. Le mot n’est pas une description du monde, il est le monde en devenir. Est-ce que « changer » c’est « progresser » ? comment et vers où ? Et « transformer », ce n’est pas seulement modifier.

C’est d’abord révéler la forme, pour mieux la reformuler. Faire advenir ce qui est déjà là, endormi, en puissance. Le changement, ça se travaille, comme un accouchement. Douloureux et magnifique.

Alors oui, nous pouvons changer ‘notre monde’. Mot après mot. Souffle après souffle. Explorons…


Le pouvoir du mot

Vous est-il déjà arrivé de prononcer une phrase anodine et de réaliser qu’elle avait transformé votre journée entière? Ou au contraire, de ruminer des pensées négatives et de voir votre énergie et votre joie de vivre s’évanouir à vue d’œil ?

En effet, les mots ne sont pas de simples sons jetés en l’air ou de vagues gribouillis sur une page. Ce sont de puissants outils de création qui façonnent notre réalité à chaque instant. Chaque mot que nous prononçons, écrivons ou pensons est comme une graine semée dans le champ de notre conscience. Et selon la qualité de ces graines, nous récoltons des fruits doux ou amers, nourrissants ou toxiques.

Malheureusement, nous avons trop souvent tendance à utiliser les mots de façon automatique, sans vraiment réfléchir à leur impact. Nous répétons les mêmes plaintes, les mêmes critiques, les mêmes excuses, jour après jour, et nous nous étonnons de tourner en rond dans nos vies. Nous aspirons au changement, mais nos mots continuent d’arroser les mauvaises herbes de nos limitations et de nos peurs.

La clé du changement résidait peut-être dans une utilisation plus consciente et plus créative du langage ? Et si, en choisissant des mots nouveaux, porteurs de sens et d’inspiration, nous pouvions littéralement reprogrammer notre esprit et transformer notre réalité ?

Changer de mot, changer de mode

C’est tout le propos de ce texte: vous montrer que changer votre (vision de la) vie peut être aussi simple que de changer vos mots. Bien sûr, cela demande un peu de pratique et de présence d’esprit. Il faut désapprendre nos mauvaises habitudes langagières et oser expérimenter de nouvelles façons de nous exprimer. Mais les bénéfices en valent largement la peine.

Si au lieu de dire machinalement « Je suis fatigué », vous choisissiez de déclarer « Je me sens vivant et plein d’énergie » ? Et si au lieu de penser « C’est trop difficile », vous affirmiez « Je suis capable de relever ce défi ». Petit à petit, par la magie des mots, c’est votre perception même de la réalité qui se modifierait. Vos problèmes vous apparaîtraient sous un jour nouveau, vos ressources intérieures se révèleraient, des opportunités inespérées se présenteraient à vous.

Bien sûr, il ne s’agit pas de nier les problèmes ou de se complaire dans un optimisme béat. Les mots ne sont pas une baguette magique qui effacerait comme par enchantement tous les obstacles. Mais ils sont un puissant levier de changement, certainement le plus accessible et le plus immédiat à notre disposition. Comme disait le célèbre ingénieur, Thomas Edison :

« Je n’ai pas échoué plusieurs fois. J’ai simplement trouvé 10 000 solutions qui ne fonctionnent pas»

Cette citation illustre sa manière de voir l’échec comme une étape nécessaire vers la réussite. Il ne considérait pas ses tentatives infructueuses comme des impasses, mais comme des découvertes qui l’approchaient de la solution finale.


Histoire drôle, histoire vraie

Un jour, dans un café parisien, j’ai entendu une conversation qui a changé ma façon de voir les mots. Une dame âgée commandait un café, et le serveur lui a demandé si elle voulait ‘un petit noir’. Elle a répondu, avec un sourire malicieux : ‘Oh mon Dieu, Non ! je préfère les grands blonds, comme vous !’ Le serveur est resté interdit un instant, puis ils ont éclaté de rire ensemble.

Ce qui aurait pu être un simple échange automatique est devenu un moment d’humour et de connexion humaine. Cette anecdote m’a fait réfléchir : « Pourquoi appelons-nous un café ‘un petit noir’ ? C’est ‘sombre’ et plutôt raciste ». Mais cette dame, par un simple jeu de mots, avait transformé la commande ordinaire, en une expérience humaine créant du lien. Elle avait modifié la réalité de l’instant en changeant les mots.

Et pour reprendre l’analogie du verre d’eau, comment le vois-tu ? Quel mot choisis-tu ? Est-il à moitié ‘vide ‘ou à moitié ‘plein’. Allons plus loin : pourquoi se limiter à ces deux options ? Certains y voient un verre deux fois trop grand, d’autres une opportunité de le remplir encore. Un scientifique pourrait parler d’un verre parfaitement équilibré -contenant 50% d’eau et 50% d’air. Un poète pourrait y voir la frontière entre deux mondes, le visible et l’invisible.

Nos mots créent nos mondes. Quand nous disons « je n’y arriverai jamais », nous construisons un mur. Si nous disons « je n’y arrive pas encore » nous créons un chemin. Un seul mot peut transformer une impasse en passage : Le mot est « un étroit pas sage». Un mot et « trois passages » possibles, car trois options s’offrent à nous : bien le comprendre, le nier, ou mal l’interpréter.


Résistance au changement : « transformation ou déformation ? »

Le changement nous fait peur, il exige de se re-connaitre, de devenir ‘un connu’ à nous-mêmes. Et nos excuses préférées sont des perles de créativité :

  • ‘Je n’ai pas le temps’ 

Ce fameux temps qui nous tient, nous retient, nous maintient dans nos habitudes.

Alors qu’on ne fait que ‘passer le temps’, ou c’est ‘le temps qui passe’. Personne ne possède, ni ne tient, le temps!

  • ‘C’est trop dur’ 

Faudrait-il que ce soit plus mou ?

C’est compliqué, peut-être car tu n’es pas encore vraiment ‘impliqué’ !

  • ‘Je ne suis pas prêt’

Prêt ou près ? Près de quoi ?

Du changement peut-être… plus près qu’on ne le pense !

Notre cerveau est un magicien des excuses, il pense et passe à autre chose, un artiste de la récréation pour recréer sans cesse. Ainsi, c’est lui qui peut transformer le ‘maintenant’ en ‘main-tenant’, comme si nos mains devaient tenir quelque chose pour avancer, comme un bâton de berger ? Mais parfois, il faut justement lâcher prise, ne plus se tenir pour avancer. Et si ce ‘main-tenant’ était justement le moment parfait pour tout lâcher (ou se tenir la main si vous êtes deux) et y aller franchement !


Un mot, c’est …

Silence.

Puis du néant surgissant, agissant.

Le mot est un son , un signe.

Des ondes, d’un monde de sens,

Au sens propre, comme au figuré.

Atome de pensée. Noyau de réalité.

Reliant l’indicible et le dicible.

Un mot, un nom, souffle de l’Invisible,

Qui nomme pour l’Homme,

Le mot est… oui ! le Monde est.

Maintenant, tu sais.

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