Définition, et limitation des mots
« Informer » dans une acception première (au sens premier) , c’est « donner forme ». Mais une information ça donne forme à quoi ?
À une « impression », une « image » dans l’imagination, une sensation, via un signal nerveux (électrique). Alors se « forme » une pensée, tantôt positive ou négative, parfois neutre. Comme une direction à prendre, un choix à opérer: celui d’adhérer ou non à l’information, la « prendre en compte », faire corps avec l’idée proposée.
Il faut considérer chaque information comme une (hypo)thèse -ni totalement vraie, ni entièrement fausse- qui mènerait à une synthèse propre, en soi.
Elle contribue à former notre compréhension du monde, notre propre réalité (notre matrice pour se diriger dans la vie, entre plaisir et souffrance, possible ou impossible, permis ou interdit, etc.).
Notre réalité (ou compréhension du monde) se base donc sur des informations. Que penser alors des secrets, des dossiers classifiés, des vérités cachées au public, et des mensonges médiatiques ? Une manière de manipuler les gens, et leur réalité, rien d’autre. Mais aussi, beaucoup plus que ça, car les implications sont plus profondes : si on vous ment, c’est pour vous protéger ou pour vous nuire ? Le mensonge peut chercher à faire rêver, ou créer un cauchemar. C’est dans le mot même, « mens-songe », une rêverie du mental.
Remarquons que l’information passe principalement par les mots, et le ton employé : c’est une vibration, le verbe vibre et réverbère, il envoie une lumière et fait réfléchir (ou un son qui « raisonne ») . Et les mots détiennent une fréquence pour faire vibrer, cette vibration agit à deux niveaux, conscient et inconscient. Un niveau sensible et un plus subtil (l’imperceptible). C’est toute la puissance du mot, formuler, exprimer et faire véhiculer une idée, une notion, jusqu’à l’émotion. En résumé, nous pouvons dire que l’information conduit à -ou permet d’obtenir- une réaction.
Le monde « irréel » de l’information
L’unique façon de communiquer dans et avec le monde physique est l’information : envoyer un signal, signaler avec un signe, signifier pour donner du sens. Tout ceci est lié au domaine cognitif. L’information forme notre rapport au monde. Le son et la graphie d’un mot sont ainsi porteur de sens, désignant un objet ou un concept et guidant vers l’entendement. L’information précède toute formation, et la fixation des éléments. Dans la nature, dans les végétaux, dans les minéraux, dans l’eau, dans l’ADN, dans notre mémoire, tout est question d’ « information », véhiculée et convoquée par des procédés insoupçonnés.
On a dit que la parole et les mots transmettent des informations, celles-ci transitent dans le cerveau, traitées à travers le réseau de synapses, sous forme électrochimique. Les souvenirs, comme les idées restent pourtant un mystère moderne : difficile de trouver une explication à leur origine et leur existence. Certaines théories sont avancées, l’électron serait à la base de l’échange d’information ; l’unité élémentaire, « ion » ou éon, serait chargé d’un potentiel et attiré vers un pôle, une possibilité, tissant ainsi des liens, des relations dites « logiques ».
L’environnement du vide -notre atmosphère- est le support de l’électricité et du magnétisme. Le vide apparent est densément rempli d’informations impalpables. Pensons aux rayons de la lumière, aux UV et infrarouges, aux ultrasons, aux transmissions radio, télé, wifi et 4G : ils sont dans l’air, puis trouvent un support pour être captés et décodés. Qu’il s’agisse d’onde ou de particule (le débat reste ouvert pour le photon) le vide n’est pas vide, tout y est potentiellement en transit et relié. L’information, bien que sans réalité tangible, contribue à la formation de la réalité du monde sensible. Notons à cet effet que tout transfert d’information nécessite :
- un support, le médium,
- le média qui y transite,
- le générateur de l’échange (création et émission de l’information).
Pour indiquer un message, il faut un messager et surtout un « messageur ». Par conséquent, outre le monde de le monde de l’information « métaphysique », et de la formation « physique », il doit exister une autre dimension « supraphysique » : celle qui décide, façonne et rend possible les échanges entre les deux. C’est la dimension qui nous échappe au quotidien, une sphère de l’extra-ordinaire à laquelle on ne peut se référer tant que l’on n’idéalise pas l’Absolu Divin. Mais, c’est un autre sujet…
Guerre de l’information, ou contrôle des esprits
Qui se soucie réellement des informations auxquelles il a accès, qui s’interroge sur leur origine, leur nature, leur fonction, leur validité ? Nos informations sont-elles toutes justes, ou parfois erronées ? Sachant que sont établis le culte du secret, les données classifiées, et le « besoin d’en connaitre », qui décide des informations qui nous parviennent et dans quel but ?
Selon George Orwell, « qui a le contrôle du passé a le contrôle du futur, et celui qui a le contrôle du présent a le contrôle du passé ». Il nous met en garde contre la manipulation des faits historiques, voire des faits de l’actualité. Si les informations et savoirs concernant notre passé et l’histoire commune de l’humanité sont questionnables, et questionnés, que penser des informations qui évoquent notre présent et notre avenir ?
L’information ou connaissance mise à disposition est en fait à la base de toute influence et manipulation. Cette pensée déterminante concernant la valeur de l’information, cause de division, n’est pas si révolutionnaire… en fait, elle apparait vieille comme le monde :
À l’image d’une communauté sectaire, chaque groupe, chaque parti constitué est convaincu de détenir et transmettre la « vraie » Vérité. Ceux qui connaissent la Thora ne valident pas les informations de l’Évangile, ceux qui connaissent la Bible ne valident pas les informations contenues dans le Coran. Ceux qui ont a disposition les hadiths comprennent d’une autre manière les informations du Coran. Ceux qui détiennent un savoir qu’ils estiment « certifié et validé» ne sont en général pas disposés à le remettre en cause. Ils cheminent dans l’existence avec autant de pseudo-certitudes qui leur donneraient un certain avantage, comme une faculté de pouvoir que les autres ne détiennent pas.
Ainsi tourne le Monde, ainsi va la vie, d’information en information, de division et division. Nous sommes soumis à tant de données, tant de pensées, que faire le tri pour valider et se positionner demande un effort quasi surhumain : Nos esprits sont tiraillés par des informations contradictoires, illogiques, ou carrément mensongères qui nous maintiennent dans un déséquilibre constant, une incertitude, qui met en péril notre faculté de raisonner, au risque de perdre le simple bon sens. Il est parfois plus simple d’abdiquer, de ne plus se poser de questions, de simplement « croire que », ou dire « oui » à corps défendant. Puis, par confort ou par lâcheté, se soumettre à une autorité, source de vérité établie et non questionnable.
En revanche, la question est une quête d’information, c’est une recherche de savoir : celui qui se pose les bonnes questions obtient de meilleures réponses. Cette quête de vrai savoir est dérangeante, et gêne les dogmes établis, les doctrines mises en œuvre. C’est celle de l’esprit libre, de la vrai liberté de conscience, qui s’oppose à tous les experts ou fact checker institutionnels.
Désormais, au 21ème siècle, la « désinformation » et la manipulation cognitive font rage et n’ont jamais été autant discernables. Il s’agit d’une conquête de l’esprit des gens pour façonner et dicter leurs comportements. La pensée et posture individuelle doit s’effacer au profit d’un groupe, plus facilement prédictible et manipulable (lire Gustave le Bon ou Edward Bernays, théoriciens de la manipulation des masses).
C’est tout notre processus décisionnel qui est ainsi analysé, entravé et dirigé : « Dis-moi ce que tu penses savoir, je te dirais comment tu agiras ».
Voir aussi : « pourquoi je ne crois plus l’information »

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